Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article DENARIUS AUREUS

DLNARRIS AUREUS. Cette expression, fort mal formée, se trouve quelquefois pour désigner l'AUREUS impérial, en opposition à denarius argenteus Les monnaies d'or des rois du Bosphore Cimmérien, copiées sur l'aureus romain, portent la marque du denier ou }'i(, à partir de l'époque de Commode 2; on les qualifiait donc de denarii aurei Le terme avait si bien passé dans l'usage en Orient que, chez les Arabes, le dinar, depuis le temps despremiers khalifes et même avant l'islamisme, a toujours été une le nom de Dendrophorie à des fêtes dont l'étymologie même du mot (SéaSpov, toépty) indique bien la nature; elles consistaient à porter processionnellement des arbres symboliques ou consacrés à certaines divinités. Un texte de Strabon', largement interprété, semble dire que les Dendrophories se célébraient en l'honneur de Dionysos, Déméter, Apollon, Hécate et les Muses, en un mot de tontes les divinités mêlées directement aux mystères. Mais il est plus probable que les Dendrophories proprement dites ne regardaient que Dionysos et Déméter. Les autres portaient des noms plus particuliers; par exemple la Dendrophorie en l'honneur d'Apollon était On s'explique facilement qu'on portât des arbres en l'honneur de Dionysos. 11 est non seulement le dieu du vin, et par conséquent le protecteur de la vigne, mais celui de tous les arbres. Il est appelé tIurIxizoç2, Aevlpirzç 3, Aa6Û%nwç ', et les Dendrophories se rapportent à cette concep 1 DEN -1 0 1DEN de Pola, de Rome et de Suessula, en Italie, de Césarée (Cherchell), Cirta (Constantine), Colonia Veneria Rusicada, en Afrique 20. Il y en avait sans cloute dans toutes les villes importantes de l'empire romain. Mais l'organisation en est mal connue. Peut-étre les dendrophores étaient-ils créés par décret du Sénat, car l'un d'eux, à Colonia Veneria Rusicada, est appelé decretarius 2'`. Ils avaient sans doute des curotores 26 ; quelques-uns sont en même temps prêtres quinquennaux de la Magna Mater deum Idaea 26 ; l'un même est à la fois dendrophore à Suessula et prètre quinquennal in vivo .Novanensi u. Ceux qui étaient prêtres semblent avoir joui, parfois, de certaines immunités 28. En dehors de la Dendrophorie proprement dite, ils pouvaient célébrer des fêtes particulières. A Lyon, ils offrent une tauroholie aux divinités d'Auguste, de toute la famille impériale et de la ville de Lyon en même temps qu'à la grande Mère des dieux V9. A Colonia Veneria Rusicada et à Tomes, ils honorent d'un culte particulier Attis, génie des Dendrophores 30; à Rome, Silvain Dendrophore 31 (Silvain était le dieu dendrophore par excellence 32) [SvnvaxuS]. A Cirta, ils se mettent sous la protection d'empereurs qu'ils appellent Castor Auguste et Pollux Auguste 39. Dans un rescrit de Constantin 2%, dans la plupart des inscriptions, et elles sont très nombreuses, qui mentionnent les Dendrophores, ils apparaissent, non plus comme une confrérie de dévots ou d'initiés (on a prétendu cependant qu'il n'y avait que des Dendrophores religieux 36), mais comme des artisans organisés en corporations. On peut affirmer que dans toutes les villes importantes de l'empire romain, il y avait des collegia ou corpora de Dendrophores 36. II y a, dans les textes épigraphiques, une distinction très nette entre la confrérie et la corporation. Les Dendrophores religieux, dans les inscriptions ayant trait au culte, sont toujours appelés dendrophori'u ; dans les inscriptions sans caractère religieux, ils sont désignés par collegium ou corpus dendrophororunz 38. Les détails donnés par ces derniers textes montrent que le collège des Dendrophores était constitué comme les autres collèges d'ouvriers. Ils ont des patrons 39, des maîtres quinquennaux des préfets 41, des recteurs quinquennaux i2. On trouve même signalé un duumvir quinquennal 43, et un arehidendrophorus44. Ils sont créés par décret sénatorial 45 et placés sous la surveillance des quindecemviri sacris faciundis "2. Ils invoquent la protection d'Hercule, leur compagnon et leur gardien u. On leur accorde quelquefois des immunités 48. Ils se réunissent, soit dans les temples publics (à Rome, par exemple, dans la curie de la basilique d'Auguste49), ou dans des édifices particuliers, qu'ils ont construits et qui leur appartiennent, comme à Puteoli J0. Le rescrit de Constantin que nous avons cité 5i ordonne que les Dendrophores soient incorporés aux centonarii et aux fabri. Avant cette époque, s'il n'y avait pas fusion des trois corps de métier, il y avait déjà presque toujours association. De nombreuses inscriptions en font foi "2. On les trouve aussi réunis aux ferrarü, aux tignariï, aux navicularii 22, mais exceptionnellement. C'est avec les fabri et les centonarii qu'ils ont le plus de rapports, et ces rapports s'expliquent d'eux-mêmes par l'aide que se prêtent ces divers métiers. Les limites du métier des dendrophores ne sont pas, d'ailleurs, très exactement connues. 11 est très probable cependant qu'ils avaient le privilège de fournir soit aux particuliers, soit à l'État, le bois de chauffage, le bois de charpente, les planches et le charbon (ligna, materies, tabula.ta, carboni praebitio'4). Enfin, tout porte à croire qu'ils devaient, en cas d'incendie, les mêmes services que les vigiles, les fabri Sa, etc. A Lyon, un Dendrophore est nommé augustalis, ce qui indique sans doute qu'il y avait des Dendrophores plus particulièrement attachés au service des empereurs 56. Reinesius prétendait qu'il n'y avait pas de Dendrophores religieux, Godefroy qu'il n'y en avait qu'en Afrique, Saltmaise qu'il n'y avait que des Dendrophores religieux. On a soutenu aussi que les uns et les autres existaient séparément, sans rapport entre eux 57. Rabanis a cherché à démontrer que, distincts à l'origine, les Dendrophores religieux et les civils s'étaient confondus ; il veut que la corporation ouvrière soit devenue congrégation religieuse". Nous croyons, en effet, qu'il y a eu fusion; mais nous croyons que la corporation est plutôt issue de la congrégation. Remarquons que le mot Dendrophore est grec, et les Grecs, auxquels les Romains l'ont emprunté, ne l'ontjamais employé qu'avec un sens religieux. Il n'est pas vraisemblable que ce nom se soit appliqué sans transition des Dendrophores religieux grecs aux Dendrophores ouvriers romains. Le mot est entré dans la langue latine en meure temps que leculte de la magna ileum mater et ses Dendrophories ; il s'est appliqué d'abord aux dévots de la Grande Déesse. Nous avons d'ailleurs noté le droit de surveillance des quindecemviri sacris faciundis sur les corporations de Dendrophores. Or, on ne s'explique bien cette ingérence de magistrats du culte dans les affaires d'une corporation civile que par l'origine religieuse de cette corporation. Ajoutons que l'on a au moins un exemple de la transformation d'une association religieuse en association civile, On sait que les augustales formaient, à l'origine, des sociétés religieuses chargées du culte des empereurs, mais qu'avec le temps ils arrivèrent à former dans la société municipale un ordre purement civil, classé immédiatement après celui des décurions a9. Il n'est pas difficile d'admettre que l'importance croissante du culte de la Mère des dieux ait permis aux Dendrophores de cette déesse, dont quelquesuns même étaient ses prêtres, de prendre une place de plus en plus grande dans les villes et de se faire accorder des concessions et des privilèges. De là à se constituer en corps de métier, il n'y a qu'un pas. Les inscriptions semblent dire du moins que les Dendrophores firent toujours en sorte de distinguer nettement, clans les actes publics, les attributions réservées à chacune de leurs doubles fonctions. Nous reproduisons ici un bas-relief du musée archéo logique de Bordeaux, publié par Rabanis, qui représente sans cloute des Dendrophores et provient d'un monument qui leur appartenait (fig. 2330). On peut y voir ou bien des ° .n I 102 DEN Dendrophores religieux célébrant la cérémonie de 1'Arbor intrat, ou plus simplement, avec plus de vraisemblance aussi, des ouvriers Dendrophores au travailG0. P. PARIS.